HABITANTS [04/04]

La famille Saint-Frère est la famille la plus puissante de Sainte-Menehould et de la région. Grands industriels, spécialisés dans la fonte, les Saint-Frère ont prospéré au point de se constituer en même pas un siècle un patrimoine très important. Aujourd’hui, après la mort de son dernier patriarche, les Saint-Frère sont dirigés par Jean, qui dirige également les industries de la famille.
Edmond est né le 20 mars 1872. Son père Jean et sa mère Isabelle avaient déjà eu un fils Jean second du nom et après la naissance d’Edmond naquirent une fille Agathe et un dernier fils Jules. Edmond n’a jamais été le plus favorisé des enfants Saint-Frère, son père voulait obtenir le meilleur de ses fils et le garçon fut rapidement écrasé par la forte personnalité de son ainé Jean. Edmond fut particulièrement proche de sa sœur Agathe, avec qui il partageait un goût prononcé pour les arts et toute forme de culture. Bien entendu, Edmond rejoignit les meilleures écoles, dans le but de travailler dans les industries de la famille. Il eut les meilleurs appréciations de la part de ses professeurs et aurait aimé se lancer dans une carrière d’avocat, mais c’était sans compter son père, qui trouvait cette profession indigne de son fils, surtout quand on possédait les plus grandes industries de la région. Edmond capitula et une fois ses études terminées, il rejoignit l’une des filiales de son père, s’occupant de l’importation de matières premières. Tout comme son ainé, quand il fut en âge, on le présenta à une charmante jeune fille de la bourgeoisie parisienne, dont le père possédait une usine textile et ils se marièrent en 1905. Bien que le mariage fut arrangé, le couple fut très uni et avec le temps, ils finirent par s’aimer d’un amour sincère. Son épouse lui donna rapidement un fils et une fille. Malheureusement, une troisième grossesse qui eut lieu en 1911 fut fatale. Une pré-éclampsie non découverte à temps et Edmond perdit en une nuit son épouse et son bébé qui était une autre petite fille. Durant les premiers mois, il se noya dans le travail, laissant principalement ses enfants auprès d’une gouvernante. Ces enfants lui rappelaient beaucoup trop son épouse et bien qu’il les aimait, il avait beaucoup de mal à les regarder. Ce fut un accident de chasse au tout début de l’année 1912 qui fit réaliser à Edmond qu’il ne pouvait pas ignorer ainsi ses enfants. Une balle perdue qui se logea dans son dos, une chute de cheval et l’homme restera pour toujours handicapé avec une jambe qui le fait boiter et le contraint à marcher avec une canne. A partir de ce moment-là, Edmond décida de reprendre une vraie relation avec ses enfants.
Aujourd’hui, alors que la guerre frappe la France, Edmond s’occupe toujours des affaires familiales, tout en étant maire de Sainte-Menehould depuis trois ans. C’est un homme juste, bien qu’un peu snob en raison de ses origines familiales.